MATHEGUI s"approprie l'objet d'art dont elle palpe et caresse avec sensualité et religiosité de la matière utilisée: en l'occurence le bois dans la statuaire du Kasaï, les fibres des raphias dans les magnifiques tapis et les cauris des ceintures Kuba ect... L'artiste tire du bois sculpté ce qu'il a de beau, de sensuel, de sacré. Elle perçoit le langage des fibres dans la danse des lignes et des mouvements et décrypte les signes et symboles qui peuplent l'univers de son art. Elle appréhende la sérénité mystérieuse des masques dont les regards interrogateurs plongent dans le néant, reliant le passé à l'avenir dans une intimité métaphysique. Ils constituent de véritables réceptacles de la mémoire d'une Afrique pérenne sur la voie de la mémoire universelle.

Tel est le message que véhiculent ses toiles et ses oeuvres sur papier ; une quête de plein épanouissement qui s'opère dans l'interaction de plusieurs dichotomies et contradictions. Eléments condamnés à s'accorder et à s'harmoniser par la magie de l'esthétique.

L'artiste recourt à des formes mystérieuses aux confins de la figuration et de l'abstraction, du réalisme et du surréalisme. Ses oeuvres sont peintes avec des couleurs évocatrices de la palette africaine traditionnelle que sont le rouge, le noir, le blanc auxquelles elle associe avec bonheur des tons chromatiques de son coeur et de sa fantaisie créatrice.

MATHEGUI exprime ici le grand amour qu'elle a pour l'Afrique natale et son désir d'en comprendre les mystères à travers l'art qu'elle affectionne ; rejoignant sa quête de sa propre vision du continent noir. Elle jette un regard nouveau et audacieux sur la société africaine.

Olivier MUSANGI NTEMO
Historien, Critique d'art.